Rubresus Association de protection et sauvegarde de l’environnement des Basses Plaines de l’Aude

De la faillite des experts

L’expertise d’une grande partie des spécialistes commandités par les autorités avec la crise sanitaire Covid-19 est très équivoque. D’éminents professeurs en médecine consultés par nos dirigeants ont été amenés à faire des déclarations scientifiquement insensées : inutilité des masques pour la population, des tests de dépistage, …, afin de masquer les criantes pénuries en ces dispositifs. Des liens d’intérêts entre des experts et l’industrie pharmaceutique transpirent également.

Mais cette consternante réalité n’a rien de nouveau. Par le passé, différentes affaires ont montré les faiblesses des experts officiels : le dépistage et les procédures de traitement du sang contaminé trop tardifs (Docteur M. Garretta, 1985), le nuage radioactif de Tchernobyl « stoppé à la frontière » (Professeur A.J.-C. Pellerin, 1986), la négligence estivale des autorités lors de la canicule 2003 (professeur J-F. Mattei), les tergiversations avec le Médiator, etcetera. Plus proches de nous, dans l’Aude, les expertises officielles sur les conséquences sanitaires des déchets de la mine d’or de Salsigne dans la vallée de l’Orbiel n’ont pas su voir la réalité des problèmes durant des décennies !

Dans ce contexte, la question des expertises commanditées unilatéralement par le préfet à propos du projet Orano de traitement de déchets radioactifs nitratés TDN ressurgit.

D’une part, l’évaluation du procédé TDN a été confiée à un professeur de chimie retraité, qui a notamment travaillé avec le Commissariat à l’Energie Atomique : contrats, conseil, président du comité de suivi de recherche CEA-CNRS et qui aurait côtoyé Areva/Orano au sein de la Société Française de Chimie. Les liens passés pouvaient-ils interférer avec l’indépendance souhaitable ?

Le rapport d’expertise a reproduit les éléments de communication d’Orano et du promoteur du procédé THOR. Des erreurs flagrantes y sont relevées. Par exemple, l’expert écrit : « au cours des deux essais, 62 Tonnes d’effluents ont été traités ». Or les deux essais pilotes ont été faits avec une solution nitratée modèle sans le moindre radioélément tel le technétium et non avec un effluent réel. L’expert persiste dans l’erreur : « aucune trace de technétium ni de rhénium ne sont retrouvées dans les gaz issus de la cheminée ». Evidemment qu’aucune trace de technétium n’a été retrouvée puisque la solution nitratée utilisée n’en contenait pas.

Dans le même sens, et afin d’attester la fiabilité du procédé THOR TDN, l’expert cite les installations d’Erwin et d’Idaho Falls, aux Etats-Unis. Or, la seconde ne fonctionne toujours pas après 8 années et quelques centaines de millions de dollars des dépenses supplémentaires. Et l’expert d’écrire : « En conclusion, je pense que le procédé THOR est un procédé robuste et fiable ».

Le second expert nominativement choisi par le préfet pour examiner les impacts sanitaires appartient à l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), organisme sous la tutelle de plusieurs ministères dont ceux chargés de la Défense, ou encore de l’Energie. Le rapport d’expertise n’a pas été signé personnellement par l’expert mais par sa Direction. Totale indépendance ?

Errements, contradictions, liens d’intérêts, les expertises officielles du projet TDN ressemblent parfois aux histoires des masques et tests Covid-19 ! À contre-temps, le député A. Péréa (LaRem) exhortait encore fin 2019 à ce que « la parole de l’expert reprenne toute sa place » (l’Energeek).

La défaillance des experts peut se répercuter dans de nombreux domaines, jusque sur des décisions de justice. Le Tribunal Administratif de Montpellier a rejeté le recours en annulation de l’arrêté préfectoral TDN notamment sur la foi de l’expertise officielle controversée du procédé. Aucune contre-expertise officielle n’a été menée.

Avec leurs erreurs, approximations, des expertises tronquées deviennent via les autorités qui les utilisent et les imposent des paroles officielles propageant fausses vérités ou fake news.

Le « monde d’avant » des experts officiels sera-t-il emporté par la crise actuelle au profit d’une la société plus juste, démocratique ou bien le « monde d’après » perpétuera-t-il ce système inique ?


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