Résidus de Pesticides : nocifs partout sauf dans le Narbonnais ?
Pendant au moins 5 ans sans discontinuer, une eau non conforme a été distribuée aux robinets des habitants de Montredon des Corbières (1500 h, forages Croix Blanche) avec des doses élevées d’un résidu d’un désherbant chimique à base d’atrazine (atrazine déséthyl déisopropyl). Ces teneurs constituent le record sur les 438 communes audoises. Un autre forage proche et sur la même ressource en eau (les Mailloles, Moussan) alimentant 5 autres communes : Marcorignan, Moussan, Névian, Raissac d’Aude et Villedaigne, soit plus de 6 500 h. s’avérait également contaminé par cette molécule.
Dès 2014, l’association RUBRESUS et le Collectif pour la Qualité de l’Eau de Montredon des Corbières alertaient les autorités préfectorales et responsables de la distribution de l’eau potable sur les risques sanitaires encourus par la population au vu des éléments recueillis auprès des plus grands spécialistes. Le professeur C. Sultan, endocrinologue pédiatrique de renommée mondiale a été l’un des premiers à montrer les effets des perturbateurs endocriniens qui affectent le système hormonal en provoquant des pathologies et cancers hormonodépendants, qui interagissent au niveau du développement de l’embryon en induisant des malformations génitales et troubles du comportement. Beaucoup d’autres chercheurs l’ont confirmé comme le Dr. R. Slama. L’étude de Chevrier et al., 2011 (INSERM Rennes) a mis en évidence les relations entre la présence d’atrazine et ses métabolites dans les urines des femmes enceintes (cohorte 3399 femmes enceintes) dans la région Bretagne et les affections chez les nourrissons (croissance fœtale, périmètre crânien, malformations, …).
L’urgence à mettre en place un traitement d’élimination de ce pesticide était d’autant plus justifiée que les solutions techniques existaient et étaient appliquées depuis longtemps en France pour des cas similaires de pollution d’eau potable.
Alors que cela n’avait demandé que quelques mois dans des communes confrontées à ce phénomène de pollution de l’eau potable par pesticides, ici il aura fallu 5 ans pour que les responsables et autorités arrivent à installer un traitement par filtres à charbon. 5 années pendant lesquelles la population et notamment les personnes vulnérables (femmes enceintes, enfants, …) de ces communes n’ont pas été averties des risques sanitaires.
Après l’installation tardive de filtres à charbon en 2019, les responsables de l’eau affirment péremptoirement : « l’eau était propre à la consommation sans la moindre restriction et sans risque sanitaire » (n°16 Le Mag’ Grand Narbonne), n’hésitant pas à contredire les plus grands spécialistes. Hors, l’installation des filtres à charbon par le Grand Narbonne (dépense globale de près de 800 000 €) n’est-elle pas la reconnaissance implicite des risques encourus par les populations à la consommation de cette eau non conforme durant des années?
Si nous regrettons l’attentisme des autorités et le trop long délai de mise en place du traitement de l’eau du robinet, nous nous réjouissons cependant que notre opiniâtreté ait été finalement récompensée et ce pour le bien des populations des 6 communes du Narbonnais exposées à ce polluant.
Article du 27 novembre 2019 | Aucun commentaire