Pollution de l’eau potable par pesticide: vers un nouveau scandale sanitaire?
Les analyses officielles (Ministère des affaires sociales et de la santé) ainsi que les études menées par les institutions (Agences de l’Eau, …) sur les pesticides montrent la dégradation inexorable de la qualité des eaux de rivières, nappes et de l’eau potable tant au plan national que local (L’Indépendant 16 août, Midi Libre 14 septembre, Le Monde 25 septembre). Des concentrations en atrazine déséthyl déisopropyl dépassant jusqu’à 140% la limite maximale autorisée ont été relevées dans l’eau potable distribuée aux habitants du secteur Marcorignan, Moussan, Névian, Raissac d’Aude et Villedaigne. Au mois de mai 2014, l’eau distribuée était officiellement non potable. En juin et en août (dernière analyse publiée) ce fût à nouveau le cas. Les responsables minimisent le problème de la teneur excessive en pesticide en le présentant comme un pic ponctuel. Malgré l’interdiction d’usage de ces produits depuis 2001, leur présence aujourd’hui avérée risque malheureusement d’être durable car la restauration des nappes polluées prendra des années. Autre fait inquiétant: cette molécule n’a été analysée que depuis seulement cette année, or à chaque analyse effectuée (mai, juin, août en dernier lieu) sa teneur a systématiquement dépassé la valeur maximale autorisée. Alors depuis quand l’eau distribuée est elle contaminée et n’est plus potable? Cette pollution de la nappe n’est pas accidentelle mais elle est liée notamment aux systèmes des productions agricoles pratiqués depuis plusieurs décennies. Il est fort probable que l’eau potable ait été polluée par ce pesticide depuis plusieurs années. Allons nous vers un nouveau scandale sanitaire? Les effets des pesticides de type atrazine commencent à être connus: ils agissent comme perturbateurs endocriniens (modification du système hormonal notamment). Mais l’on ignore encore tous leurs impacts sur la santé humaine car les interactions et les effets cumulatifs avec d’autres polluants (bisphénol, …) n’ont pas été pleinement étudiés. Dans l’immédiat, nous demandons aux autorités et responsables d’appliquer l’impérieux principe de précaution étant donné les risques qui pèsent autour des effets de ces substances sur la santé humaine. Des mesures concrètes de protection des populations doivent être rapidement mises en place: système d’alerte auprès des consommateurs, distribution d’eau systématique lors de dépassement des limites maximales autorisées en polluants. En parallèle, une surveillance accrue de la qualité de l’eau (analyses plus fréquentes) ainsi que le développement de traitement éliminant les pesticides de l’eau potable permettraient de réduire durablement les risques pour les consommateurs.
Pesticides Midi Libre 14 septembre 2014
Grand Narbonne _ des traces de pesticides dans l’eau potable de 5 communes – Lindépendant
Article du 13 août 2015 | Aucun commentaire