Rubresus Association de protection et sauvegarde de l’environnement des Basses Plaines de l’Aude

Même à l’arrêt, Orano Malvési pollue !

Communiqué des Associations RUBRESUS et COL.E.R.E

On connaît un peu plus depuis quelques années les émissions polluantes massives des activités de purification et conversion de l’uranium d’Orano Malvési par les rejets atmosphériques d’oxydes d’azote, solvants, particules fines d’uranium, …, provenant des divers ateliers et d’eaux (nitrates, …), qui ont fait de ce site la source majeure de pollution d’origine industrielle de Narbonne. Moins connues, bien que les observations des riverains les suspectent depuis longtemps, des pollutions« passives » sous forme de poussières et d’embruns chargés d’éléments polluants dispersés par les vents sont aujourd’hui soulignées, même quand l’activité du site est à l’arrêt.

La très sérieuse étude radiologique récemment menée par l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) éclaire cet aspect. Des prélèvements (air, végétaux, …) ont été effectués pendant plusieurs mois dans l’environnement autour du site de septembre 2020 à septembre 2021. Les résultats de ces campagnes d’analyses montrent la présence d’uranium (activité U 238) dans les feuilles de frêne (arbre à feuilles caduques) dans la zone d’influence jusqu’à une distance de 3 km de 20 à 30 fois supérieures à zone témoin. Un large excès de radium 226 en bordure du site est également relevé. Les analyses d’air (station de prélèvement chez riverains à 400 m à l’est des bassins) montrent que les activités massiques en thorium/uranium des particules dans l’air ambiant restent élevées même lors de périodes d’arrêt de production du site en 2020, année où la production d’Orano Malvési était historiquement basse (1208 t d’uranium soit moins de 10 % de la production habituelle).

Donc, même quand le site ne produit pas, il pollue aussi. Les émissions passives de poussières et/ou d’embruns par le site constituent l’un des enseignements qu’apporte l’étude IRSN sur l’empreinte environnementale du site Malvési. Cela n’est pas surprenant : les quelque 400 000 m3 de déchets liquides hyper concentrés, nitratés et radioactifs, stockés depuis des dizaines d’années dans d’énormes bassins à ciel ouvert sur une vaste superficie de 200 000 m2 (20 ha) relarguent sous l’action des vents des embruns qui dispersent passivement des agents polluants même quand l’usine est à l’arrêt. Le soulèvement et l’entraînement par les vents de poussières des sols et installations du site sont aussi susceptibles de provoquer des contaminations passives de l’environnement dans l’axe des vents dominants.

La présentation des résultats de l’étude radiologique de l’IRSN était bien inscrite à l’ordre du jour de la Commission de Suivi du Site /Observatoire des rejets (CSS Malvési) du 10 janvier 2023. Or, aucun résultat de cette étude n’a été communiqué devant cette commission paritaire d’information qui réunit riverains, associations, autorités et l’industriel. Il est regrettable que ces nouvelles données sur les impacts environnementaux du site Orano Malvési n’aient pas été portées à la connaissance du public à cette occasion. D’aucuns verront dans ce contre-temps un lien avec le projet de démantèlement de l’IRSN qui risque d’affecter l’indépendance de cet institut public de recherche en sûreté nucléaire ainsi que la transparence et la pluralité des informations de la population sur les impacts environnementaux d’Orano Malvési.