Rubresus Association de protection et sauvegarde de l’environnement des Basses Plaines de l’Aude

Arsenic et cuivre dans le canal du Midi: attention aux sédiments de dragage

L’opération de dragage du Canal du Midi dans la section Argens Minervois – Le Somail prévue en 2019 par Voies Navigables de France VNF est une opération exceptionnelle (tous les 30 ans environ) et d’envergure par la quantité de sédiments à extraire, qui soulève de nombreuses questions quant à la composition et à l’épandage des sédiments. Ni le public, ni les riverains, ni les municipalités concernées n’en ont été informés et l’autorisation de cette opération n’a pas fait l’objet d’étude d’impact ni d’enquête publique. Elle a été révélée de façon fortuite, à l’occasion d’importants travaux préparatoires des parcelles devant recevoir ces déchets et qui n’ont pas manqué d’inquiéter certains habitants des villages concernés.

Sur 14 km, 30 000 m3 de sédiments (41 000 tonnes) vont être extraits du Canal. Les analyses des sédiments à draguer montrent de très fortes concentrations en cuivre, dépassant les limites pour certains prélèvements, ainsi que la présence systématique et notable d’arsenic. Cette masse de déchets correspond aux matières apportées dans le canal et qui s’y sont déposées durant ces trois dernières décennies. Elle contient 1 373 kg de cuivre, 285 kg d’arsenic et au total 4 088 kg de métaux lourds.

Les 30 000 m3 de sédiments à curer doivent être épandus et stockés (« déposés » et régalés) sur deux parcelles agricoles de 6,4 ha (une à Saint-Nazaire-d’Aude, l’autre à Argens Minervois), ce qui constitue des doses massives en métaux lourds : 214 kg cuivre/ha (639 kg métaux lourds/ha). Pour comparaison, les apports de cuivre par les traitements de cultures (vignes) sont limités à 4 kg cuivre/ha/an. L’apport instantané de cuivre par les sédiments du canal représenterait l’équivalent de 54 années de traitement cuivrique.

De plus, les sols des parcelles agricoles retenues pour recevoir les sédiments sont déjà saturés en cuivre (zone dépôt Saint Nazaire d’Aude :107 mg cuivre/kg MS) et riches en arsenic (13 à 19 mg arsenic/kg MS).

Devant le risque évident de pollution pérenne par métaux lourds de parcelles agricoles par les déchets de dragage du canal insuffisamment pris en compte dans le dossier VNF, la révision du projet de dépôt des sédiments apparaît indispensable et devrait faire appel à des études complémentaires préalables en associant les riverains et communes concernées. Ces études complémentaires sont d’autant plus nécessaires que les inondations d’octobre 2018 ont probablement modifié la composition des sédiments à traiter.

Lisez la note de synthèse de Rubresus



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